Le centre d’art contemporain de Beauvais a réouvert ses portes le 5 avril 2025, après deux ans de travaux de réhabilitation menés par l’agence Chatillon Architectes. L’édifice moderniste d’origine, conçu par l’architecte André Hermant en 1976, a été entièrement restructuré et adapté aux besoins et usages contemporains.
© Chatillon Architectes / ADAGP 2025 © Antoine Mercusot
Un site patrimonial unique
En 1969, à l’initiative d’André Malraux, l’architecte André Hermant est chargé de concevoir la Galerie nationale de la tapisserie de Beauvais en hommage à l’ancienne manufacture de la ville, détruite durant la Seconde Guerre mondiale. Ancien élève d’Auguste Perret, et spécialiste du béton armé, André Hermant a notamment réalisé la restructuration du Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye (1969), le Musée Marc-Chagall à Nice (1969) et l’aménagement du Petit- Palais d’Avignon (1965).
Avec son collaborateur Jean-Pierre Jouve, il livre en 1976 un bâtiment moderniste aux murs en béton armé et à la toiture de cuivre, dont la silhouette horizontale sublime la verticalité de la cathédrale Saint-Pierre et dialogue avec le rempart gallo-romain du site. En 2013, la Galerie devient la propriété de la ville et se transforme en un lieu culturel contemporain dédié à l’ensemble des arts visuels et baptisé le Quadrilatère en 2016.
© Chatillon Architectes / ADAGP 2025 © Antoine Mercusot
Une réhabilitation remarquable
L’agence Chatillon Architectes, connue pour les rénovations du Grand Palais (2021) et du Musée Carnavalet (2020), a mené un chantier d’ampleur visant à moderniser l’ensemble du bâtiment afin de l’adapter aux nouvelles exigences en vigueur, tout en respectant l’édifice d’origine. Un travail important a été mené autour de la cohérence spatiale de l’ensemble, son accessibilité et la valorisation du patrimoine archéologique unique du site.
Les espaces d’exposition et d’accueil ont été remaniés. Un atrium central en triple hauteur intègre un escalier monumental qui reprend les matériaux de prédilection d’André Hermant, le béton armé et le chêne. Cette structure sculpturale mêle marches et rampes pour une meilleure accessibilité des espaces d’exposition, renforcée par l’ajout d’ascenseurs.
Un atelier pédagogique ainsi qu’un café convivial conçu par le Studio Mugo ont été aménagés.
L’architecte a également créé un accès direct au site archéologique souterrain, ainsi qu’une passerelle en métal, bois et verre qui permet une immersion inédite au sein des vestiges gallo-romains. Les espaces extérieurs ont quant à eux fait l’objet d’un réaménagement paysager afin de renforcer le lien entre les jardins, la terrasse, la cathédrale et le paysage environnant.
© Chatillon Architectes / ADAGP 2025 © Antoine Mercusot
Une programmation novatrice
Piloté par Lucy Hofbauer, le Quadrilatère développe une nouvelle approche qui mêle résidences d’artistes, expositions et lieux de convivialité, afin d’offrir aux artistes et aux public une expérience renouvelée de la création et de la transmission.
Pour entamer ce nouveau chapitre du centre d’art, une exposition met en lumière l’architecture d’André Hermant au travers d’œuvres des artistes Cécile Bart, Stéphanie Mansy et Vincent Villain. Une sélection d’images de référence, issues des archives de l’architectes, documentent le processus d’inspiration qui précèdent l’acte de création architecturale, et donnent à voir la passion d’André Hermant pour la nature et les formes universelles.
Emilie Bloch