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Un relais de chasse Art déco signé Jacques-Emile Ruhlmann

By 3 mai 2017avril 3rd, 2024No Comments

Rare témoignage Art déco, cet ancien relais de chasse a été dessiné en 1933 par le célèbre décorateur et ensemblier français Jacques-Emile Ruhlmann dans une commune des Ardennes près de Neufchâteau en Belgique.

La maison a été commandée en 1932 par François Sommer, un riche industriel Ardennais héritier de la dynastie Sommer (fabricants de revêtement en feutre et moquettes) qui deviendra par la suite l’entreprise Tarket Sommer. Lui-même résidait à Paris, boulevard Foch. La commande a probablement été passée lors du Salon des Artistes Décorateurs qui s’est déroulé en 1932, au cours duquel Jacques-Emile Ruhlmann présentait le salon « Le Rendez-vous des pêcheurs de truites » où l’on retrouve trait pour trait les attributs du relais de chasse (cheminée, appareillage du sol, mezzanine, garde-corps etc…).

Féru d’Art Déco, François Sommer passe donc commande à Jacques-Emile Ruhlmann pour un relais de chasse. Il est alors propriétaire du domaine de chasse de Belleval à quelques kilomètres. Les travaux débutent en 1933, mais l’industriel n’occupera pas la maison avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est mobilisé en septembre 1939 en tant qu’aviateur, et affecté à la 34e escadre de bombardement. Il rejoint le réseau de résistance « Ceux de la Libération » en 1940. Sa propriété est alors occupée par les Allemands.

Les grands de ce monde y ont séjourné lors de grandes chasses : Georges Pompidou, Charles de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing et d’autres encore. Le chien de Georges Pompidou sera tué accidentellement au cours d’une chasse et enterré dans le parc de la maison. La maison fut également l’écrin des nombreux trophées de chasse que François Sommer ramenait d’Afrique et du monde entier.

Cet ensemble remarquable a fait l’objet d’une rénovation partielle qui a conservé l’esprit d’origine. Le style Art déco est bien lisible en façade : volumes cubiques, nombreux décrochements et surfaces lisses. Les auvents, les moulures et les appuis de fenêtres viennent alléger l’expression imposante des volumes. Un soin particulier a été porté à l’architecture comme aux moindres détails (le dessin des ferronneries des portes et des garde-corps par exemple).

Jacques-Emile Ruhlmann

Créateur de génie, Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933) est un des plus grands maîtres des arts décoratifs du 20ème siècle. Travaillant d’abord dans l’entreprise paternelle de peinture et de miroiterie, son goût pour le mobilier se révèle avec des dessins de meubles qu’il destine à son propre appartement et à quelques amis.
Au début des années 1920, Jacques-Emile Ruhlmann ouvre son propre atelier d’ébénisterie, des ateliers de laque, de peinture, de tapisserie. Il ne pratique pas lui-même le métier d’ébéniste, mais conçoit chacun de ses meubles et en suit l’élaboration et la fabrication.

Introduisant la « modernité classique » dans le mobilier, son talent est révélé lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925 où s’impose un véritable « style Ruhlmann », à la fois somptueux et mesuré. Lors de cette exposition, un pavillon tout entier est confié au célèbre décorateur : l’Hôtel du Collectionneur, qu’il fait construire par son ami, l’architecte Pierre Patout, et que décore en façade une vaste frise en bas-relief du sculpteur Joseph Bernard.

Les décors réalisés par Jacques-Emile Ruhlmann se caractérisent par des formes géométriques et dépouillées accentuées et par un agencement fonctionnel très poussé pour l’époque. Il y incorpore toutes sortes d’accessoires : téléphone, luminaire, barre chauffe-pieds, tableau de commande pour l’éclairage, l’ouverture des portes et des volets, entre autres.

Photos : droits réservés