Cet emblématique immeuble de rapport, construit entre 1932 et 1934 par l’architecte ottoman Garabed Hovnanian, répond à la commande du promoteur iranien Joachim Nahapiet, qui souhaite la réalisation d’un immeuble inspiré par les “Apparts-Hotels” New-Yorkais. Reconnu comme une icône de l’architecture Art déco niçoise, le Gloria Mansions est inscrit au titre des Monuments Historiques en 1989 et a fait l’objet d’une campagne de restauration en 2015.
Le bâtiment présente un plan en L qui épouse l’angle de la rue de France et celle de Paul Valéry. L’immeuble se compose de deux corps de bâti accueillant des boutiques au rez-de-chaussée, avant de développer des appartements sur cinq niveaux supérieurs.
La façade, réalisée entièrement en béton avec inclusion de nacre, dévoile des lignes souples et scintillantes dessinées par les oriels et les balcons circulaires qui scandent l’édifice. L’alternance des balcons centrés et désaxés créent un effet d’ondulation harmonieux, évoquant des vagues. Le travail de la porte monumentale en fer forgé déploie un registre aux formes géométriques, typique de l’Art déco.
La singularité de l’édifice provient de sa matérialité : le béton armé n’est pas dissimulé sous un enduit mais laissé brut, ce qui souligne la rupture avec les traditions architecturales et le distingue des réalisations niçoise des années 1930. Orné de bas-reliefs signés Albert Chiavacchi, l’édifice illustre à la fois l’élégance formelle des courbes et l’innovation technique de ses matériaux, tout en insufflant un vent de modernité dans le paysage urbain de la ville.
L’immeuble se distingue également par le traitement exceptionnel de ses parties communes. Son spectaculaire escalier tournant à deux montées divergentes est surmonté d’une verrière zénithale, véritable puits de lumière au cœur de la structure. Un vitrail monumental, réalisé par le maître-verrier Lasalle et entièrement restauré par Jean-Pierre Bellon, domine le grand escalier intérieur. Il s’agit d’un superbe exemple de la technique mise au point par Lasalle, qui emprisonne les tesselles colorés entre deux panneaux de verre. Le motif – un paysage méditerranéen de style pointilliste – est tiré des cartons du peintre arménien Vartan Mahokian.
Crédit photos : © Elisabeth Rossolin
Colleen Bittel