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« Hans Hollein TransFORMS », une rétrospective d’envergure au Centre Pompidou

By 2 mai 2025mai 9th, 2025No Comments

Jusqu’au 2 juin 2025, le Musée national d’art moderne propose une rétrospective d’envergure sur l’œuvre de l’architecte autrichien Hans Hollein. Le commissariat d’exposition est assuré par Frédéric Migayrou, directeur adjoint du Musée, responsable des départements architecture et design, assisté de Julia Motard et Yuki Yoshikawa. 

Hans Hollein, « Esquisse pour la façade de la Strada Novissima », 1ère Biennale internationale d’architecture de Venise, « La presenza del passato » [La présence du passé], © Private Archive Hollein, Centre Pompidou

Cette rétrospective majeure propose un regard nouveau sur l’oeuvre et la démarche, tout à la fois créatrice et critique, d’Hans Hollein (1934-2014). Les projets exposés composent un corpus riche et varié décliné à toutes les échelles et sur de nombreux supports – dessin d’architecture, maquette, objet, design graphique, vidéo, installation. Le parcours se déploie en 13 “stations” thématiques qui retracent les jalons de la carrière de l’architecte, lestée et animée par une dimension conceptuelle de la création.

Ce n’est pas la première fois que le Centre Pompidou rend hommage à Hans Hollein, figure de l’histoire de l’architecture du 20e siècle, considéré comme un précurseur de la scène radicale des années 1960 et du mouvement postmoderne. Depuis une première monographie présentée dans le Forum du Centre en 1987, plusieurs vagues d’acquisitions (maquettes, dessins, installations, archives…) sont venues constituer et enrichir ce fonds exceptionnel. Certaines installations d’envergure sont ici exposées pour la première fois depuis leurs créations telles Work and Behaviour, Life and Death, Everyday Situations, conçue pour la Biennale de Venise en 1972 ou La leçon de gymnastique (1984).

Hans Hollein, Boutique de vêtements Christa Metek, Vienne, 1966 – 1967, © Private Archive Hollein, Centre Pompidou

Couvertue de la revue Bau : Schrift für Architektur und Städtebau, n°1-2, 1968, © Anonyme, Centre Pompidou

Alles ist Architektur, “tout est architecture”

Hans Hollein, architecte et théoricien autrichien né en 1934, développe dès les années 1950 une conception extensive de l’architecture, qu’il envisage comme un acte culturel total, dépassant la simple réponse fonctionnelle. 

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne puis aux États-Unis (IIT de Chicago, Université de Californie), il voyage au Mexique et évolue, à son retour en Europe, dans les milieux intellectuels viennois pour y défendre une architecture conceptuelle, symbolique, voire manifeste, avec un concept phare, Alles ist Architektur, “tout est architecture”. 

Marqué par la Endless House de Frederick Kiesler, les jeux d’échelles de Claes Oldenburg et le pouvoir envoûtant des objets sacrés amérindiens, Hollein intègre des influences multiples. L’architecte imagine sous forme de dessins et de photomontages des projets sculpturaux en rupture avec le fonctionnalisme (Überbauung Wien, 1960 ; Projekt für eine Stadt, 1960) : la charge symbolique et poétique de leurs formes archétypales doit permettre selon lui l’émergence d’une nouvelle spiritualité. Cette volonté de retour à une monumentalité archaïque s’accompagne d’une fascination critique pour la technologie, dont l’architecte veut à la fois démonter les mécanismes et libérer le potentiel magique en en recyclant les icônes. Envisageant l’architecture à la fois comme un système de signes et un medium de communication, il développe une démarche reposant sur le collage et le détournement d’images et de références. Sa rencontre décisive avec Walter Pichler, en 1962 à Vienne, donne lieu à la présentation de la City Communication Interchange, une vision technologique de la capitale. À travers des projets comme Aircraft Carrier City in Landscape ou le Monument to Victims of the Holocaust, Hollein transforme l’architecture en un outil de mémoire et de réflexion, dont la charge critique reste d’actualité aujourd’hui.

Hans Hollein, City-communication interchange as mean of expression, 1962, © Private Archive Hollein, Centre Pompidou

Dès les années 1960, cette pensée novatrice se développe dans une forme de synthèse des arts en misant sur l’émergence des outils de communication : Rédacteur en chef de la revue BAU de 1964 à 1970, Hollein met en lumière les dimensions cognitives de l’architecture ; il multiplie ses interventions pour étudier et approfondir les rapports entre “espace et perception”. Parallèlement, il s’illustre dans le domaine du design, avec des projets d’aménagement ou de scénographie pour des enseignes marchandes comme le magasin Christa Metek (1966-1967), où il explore les interactions entre environnement commercial et design. À partir de 1965, il conçoit des expositions comme l’Austriennale et MANtransFORMS, ainsi que des installations comme Die Turnstunde [La leçon de gymnastique] (1984), illustrant sa réflexion continue sur la forme, ses permanences et ses transformations.

Cet engagement transdisciplinaire, situé à l’avant-garde, trouvera une forme de consécration internationale avec l’installation d’ampleur qu’il réalise pour la Strada Novissima, lors de la Biennale d’architecture de Venise de 1980. Devenue une figure du courant postmoderne, lauréat du Prix Pritzker en 1985, Hans Hollein poursuivra son parcours d’architecte constructeur en cultivant une posture ambivalente, oscillant entre l’expérimentation néo-avant-gardiste issue de la scène radicale européenne (aux côtés de Coop Himmelb(l)au, de Superstudio ou d’Archizoom) et le parti d’une réintégration critique des langages historiques, articulant continuellement projet architectural et réflexion théorique sur la discipline.

Hans Hollein, Colonnes de la façade de la Strada Novissima, 1re Biennale internationale d’architecture de Venise, « La presenza del passato » [La présence du passé], 1980, © Private Archive Hollein, Architekturzentrum Wien, Collection / Archive Hans Hollein

Exposition Hans Hollein transFORMS

Centre Pompidou, Paris 

5 mars – 2 juin 2025

11h – 21h, tous les jours sauf mardis

Camille Buzon