Description
La Maison du Docteur Gauthier : un habitat manifeste signé Jean Prouvé au cœur des Vosges
Réalisée à la demande du docteur Pierre Gauthier, époux de Françoise Prouvé, fille du célèbre Jean Prouvé, cette maison familiale construite entre 1961 et 1962 constitue une synthèse de principes développés par le constructeur depuis les années 1950. Elle est classée Monument Historique en totalité depuis 2005.
Au sein d’un terrain de 4 900 m² à flanc de coteau planté d’arbres fruitiers, cette maison déploie une surface habitable de 215 m² environ (280 m² de surface totale) sur deux niveaux. On y accède par une terrasse extérieure abritée par une large avancée du toit, soutenue par une console métallique.
Le niveau principal accueille les espaces de vie, largement ouverts au Sud sur une vue panoramique spectaculaire sur le massif vosgien et la ville de Saint-Dié-des-Vosges en contrebas. Un salon chaleureux est délimité par une cheminée en fonte et briques réfractaires au foyer triangulaire et un ensemble mobilier qui évoque le travail de la designer Charlotte Perriand, constitué d’une bibliothèque, de modules de rangement et d’une banquette intégrée. Simone Prouvé réalise pour la maison des tapis en pure laine qui viennent réchauffer les sols recouverts de tomettes hexagonales, ainsi que des tentures en lin pour l’occultation des baies vitrées.
Au centre du volume, un élément en béton armé comprend les pièces humides. Une cuisine équipée d’un passe-plat donne sur la salle à manger et est percée d’une baie vitrée en second jour, qui laisse passer la lumière naturelle. La pièce a conservé ses aménagements d’origine, comme le plan de travail stratifié en équerre, les placards à portes coulissantes et le coin repas en bois.
De l’autre côté de ce bloc central sont aménagées une salle de bain et une salle de douche, aux parois recouvertes de pâte de verre. Elles donnent sur la partie nuit, composée de trois chambres avec rangements.
Le niveau inférieur, en rez-de-chaussée, accueille trois chambres ainsi qu’un un garage, une cave, une chaufferie et des rangements. Certaines chambres sont actuellement aménagées en bureau, en atelier ou en salon de musique.
L’implantation de la maison sur un terrain escarpé permet de faire profiter les deux niveaux d’un accès extérieur direct. La propriété comprend également trois places de stationnement.
A 25 minutes à pied du centre-ville de Saint-Dié-des-Vosges et de ses commerces et services de proximité, la Maison du Dr Gauthier profite d’un environnement naturel préservé.
Elle est à 45 minutes en voiture de Nancy ou Sélestat, 1h15 de Strasbourg, 1h30 de l’aéroport de Mulhouse-Bâle et 2h30 de l’aéroport du Luxembourg. Une ligne TGV relie Paris en 2h15.
© Manuel Bougot, reportage réalisé en 2016
Un aboutissement des recherches de Jean Prouvé sur l’habitat
La Maison du Dr Gauthier est conçue selon le principe du “noyau porteur” : un bloc préfabriqué et assemblé en usine comprenant les pièces d’eau est installé sur un soubassement maçonné. Il supporte deux poutres métalliques longitudinales qui soutiennent une toiture légère en aluminium. Les façades alternent verrières aux fins châssis métalliques et panneaux en aluminium, insérés dans des raidisseurs métalliques. Cette structure constructive se distingue par sa légèreté et sa simplicité de conception et de mise en œuvre. Les panneaux Rousseau, qui constituent les plafonds, sont en excellent état.
Les façades du volume bâti réfléchissent la lumière, les ombres et les couleurs de la végétation, dans un dialogue constant avec l’environnement. Les espaces intérieurs, chaleureux et lumineux, sont à l’origine entièrement meublés et équipés de pièces signées Jean Prouvé.
© Manuel Bougot, reportage réalisé en 2016
La maison “à noyau porteur”
Le principe de la maison à noyau porteur est créé en 1952 par Jean Prouvé et Maurice Silvy, architecte alors stagiaire aux ateliers de Maxéville, qui travaille sur une étude de maison “Alba” (aluminium et béton armé). Ce procédé constructif est ensuite repris en 1956 pour la “Maison des Jours meilleurs”, projet d’habitat d’urgence conçu en réponse à l’appel de l’Abbé Pierre après le terrible hiver 1954, puis en 1962 pour la villa Seynave à Grimaud, et la maison du Dr Gauthier qui adapte le dispositif pour une famille nombreuse.
© Adagp, Paris, 2024
Jean Prouvé, le bâtisseur
Entre architecte, ingénieur et designer, Jean Prouvé marque de son empreinte singulière l’histoire de l’architecture et de la construction.
Ferronnier d’art à Nancy durant ses jeunes années, Jean Prouvé devient « constructeur » en 1930 et délaisse rapidement la décoration en fer pour le mobilier industriel adapté aux progrès techniques du 20e siècle. Il emploie le métal pour réaliser le second œuvre dans des chantiers en collaboration avec les architectes modernes de son temps : Eugène Beaudoin et Marcel Lods pour La maison du peuple à Clichy-sur-Seine, Pierre Jeanneret pour un modèle de pavillon démontable (8X8, 1941).
Avec la construction standardisée par le montage de pièces préfabriquées, Jean Prouvé atteint le domaine de l’architecture domestique. Le sinistre causé par la Seconde Guerre mondiale pose la nécessité de reconstruire des logements à grande échelle et à moindre coût. Dans ce contexte d’urgence, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme commissionne auprès de Jean Prouvé plusieurs pavillons pour expérimenter le système des maisons assemblées à partir de pièces usinées dans l’atelier de Maxéville (Nancy) où il expérimente la tôle pliée, devenue le symbole de son génie technique.
En 1949, Jean Prouvé monte les “Métropoles”, une série de 25 habitations construites par préfabrication intégrale. La structure à portique central est réemployée dans les maisons industrialisées de Meudon, réalisées en banlieue parisienne avec son frère Henri et l’architecte André Sive. Le lotissement pilote comprend dix maisons Standard, dont le type est appelé « Métropole » avec mur et soubassement en pierre. Tout au long de sa carrière, Jean Prouvé fait construire plusieurs villas qui constituent l’illustration la plus aboutie de la synthèse entre industrie, mobilier et système constructif, dont une majeure partie est aujourd’hui protégée au titre des Monuments historiques.
Infos techniques
Prix demandé : 890 000 €
Les honoraires sont inclus à la charge du vendeur.
Pleine propriété
Taxe foncière 2024 : 2 808 €
Chauffage mixte : dalle de sol et radiateurs.
© Adagp, Paris, 2024
© Manuel Bougot, 2016
MONUMENT HISTORIQUE