Disparition de Roland Castro

Véritable penseur de la ville et citoyen engagé, il revendique, par son architecture, le droit à l’urbanité, le désenclavement des grands ensembles et la volonté de rechercher la lumière et le charme en ouvrant les perspectives, le tout motivé par son engagement contre le phénomène de ghettoïsation des banlieues. 

En 2018, il est mandaté par le président Emmanuel Macron pour rédiger un rapport sur le Grand Paris, dont il publie une version livre en 2019, Du Grand Paris à Paris en grand . Le Grand Paris, qu’il considère comme « une manière d’en finir avec la banlieue », reste comme le dernier engagement citoyen de cet architecte militant et voué au meilleur sort des banlieues.

Il réalise parallèlement avec son agence d’architecture des projets innovants et remarquables comme La Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême (1989). Mais la majorité de ses projets sont tournés vers le « remodelage urbain » qui lui est cher, comme la réhabilitation de la barre République dans le quartier du quai de Rohan à Lorient (1996) ou la rénovation de la Caravelle (2009), grand ensemble conçu par Jean Dubuisson à Villeneuve-la-Garenne, qu’il transforme sans passer par la démolition. 

Militant communiste durant ses études aux Beaux-Arts, il s’investit totalement dans les événements de Mai 68. Après avoir été à la tête du journal maoïste « Tout ! », il revient à l’architecture au milieu des années 1970 et débute des projets de « remodelage urbain » qui constitueront le fer de lance de toute sa carrière. 

Bien qu’il ait été déjà remarqué pour l’aménagement de l’ancienne prison de la Petite Roquette à Paris, c’est la Bourse du travail à Saint-Denis (1980) qui constitue son premier chantier important. 

En 1981 il crée l’association « Banlieues 89 » avec son confrère Michel Cantal-Dupart et parvient à entraîner le Président de la République François Mitterrand dans une visite médiatique de plusieurs banlieues en l’alertant sur les enjeux d’urbanisme auxquels les autorités doivent faire face. Son audace permet de réintroduire les questions d’urbanisme au cœur du débat politique et une mission interministérielle qu’il dirige voit le jour pour améliorer la qualité de l’urbanisme des banlieues et réfléchir à un projet pour le Grand Paris. 

La présidente du Conseil national de l’Ordre, Christine Leconte, salue la mémoire d’un « architecte urbaniste dont l’engagement citoyen au service des politiques de la ville et de la banlieue a toujours été très fort tant dans ses actes que dans ses discours » .