Vendu

Duplex Art Deco

Henri Sauvage architecte
1927
Paris (75)

 

 

 

96m²
2 chambres
1 salle de bain

Description

Cet immeuble de rapport dit « Studio-building » réalisé en 1927 est l’une des dernières constructions de l’architecte Henri Sauvage (1873-1932), juste avant la réalisation des grands magasins de la Samaritaine (1930) en pur style Art déco.

Aux 1er et 2ème étages avec ascenseur, cet appartement-atelier 96 m² (100 m² habitable) offre un superbe  salon éclairé par une grande baie vitré, avec  une exposition sud-est, une salle à manger ouverte surmontée d’une mezzanine, une cuisine équipée, une chambre et une salle de bain. Disposant d’une hauteur sous plafond exceptionnelle de 5,50 m, cet appartement atypique sur deux niveaux allie luminosité et espace. Une cave complète l’ensemble.

L’immeuble est situé au cœur du 16ème arrondissement, dans ce quartier privilégié de Paris qui a été le « théâtre » du Mouvement moderne et recèle de nombreux trésors architecturaux. Les plus grandes figures des années 30, Pierre Patout, Le Corbusier et Robert Mallet-Stevens y construisirent chacun plusieurs édifices (notamment les villas Laroche et Jeanneret, devenues à la mort de l’architecte le siège de la Fondation Le Corbusier, les cinq hôtels particuliers de la rue Mallet-Stevens et les immeubles de Patout édifiés dans un style « paquebot »).

L’édifice, dont la façade en faïence polychrome renforce l’expression plastique audacieuse, accueille des ateliers d’artistes traités en duplex et éclairés par une verrière double hauteur. La valeur artistique autant que la valeur historique de cet immeuble, l’originalité de son nom et la signature de l’architecte ont valu au Studio-building son inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Le revêtement en carrelage de la façade réalisé par l’entreprise boulonnaise Gentil et Bourdet, renforce habilement le jeu entre les volumes ; la couleur, quant à elle, structure la façade en soulignant les saillies et les retraits : gris pour les surfaces planes, marrons pour les retraits et multicolores pour les parties saillantes.

Henri Sauvage

Réalisée pour l’entrepreneur ingénieur des arts et manufactures, Jean Hellade, l’opération commerciale est audacieuse bien que les « studios » soient des espaces moins destinés à la pratique des arts qu’à satisfaire les aspirations de la bourgeoisie des Années folles.

Henri Sauvage adapte ici l’atelier d’artiste à l’habitat bourgeois, comme l’avait fait vingt ans auparavant en 1911 l’architecte André Arfvidson au 31 bis rue Campagne-Première. Cet immeuble de studio a également comme point commun l’utilisation originale de faïence polychrome en façade.

L’esthétique provocatrice de la façade ainsi que la juxtaposition des deux termes en vogue « studio » et « building » ont été des atouts très efficaces pour faire la promotion de cet immeuble, que certains critiques considèrent comme une réponse au projet manifeste d’ « immeuble-villas » de Le Corbusier (1922). Le terme « building » est impropre, mais il témoigne de la fascination d’alors de la bourgeoisie pour les Etats-Unis éprise d’innovations. Le nom de cet immeuble, l’originalité du programme et de sa façade ont joué un grand rôle dans sa patrimonialisation et sa protection précoce au titre des Monuments Historiques en 1975.

Par ses réalisations hétérogènes – des immeubles « Art Nouveau » de ses débuts (telle la villa Majorelle à Nancy, 1898), en passant par la construction d’immeubles de rapport de luxe (tel l’immeuble de la rue Vavin, 1913) ou encore des réalisations hygiénistes (tel l’immeuble-piscine de la rue des Amiraux, 1925) – Henri Sauvage est irréductible à une « école » ou à un « style ». Il s’affirme comme l’un des très rares architectes à avoir parcouru avec rigueur et talent, l’arc créatif qui va de l’Art Nouveau au Style International.